Une appréciation ambivalente de l'Europe au quotidien
2024 est une année charnière pour les relations de la Suisse avec l’Europe. Le Conseil fédéral prévoit de conclure les négociations contractuelles avec l’UE en vue de moderniser et d’étendre les accords bilatéraux existants. Parallèlement, les Bilatérales I ont été signées il y a 25 ans et les Bilatérales II il y a 20 ans. Ces événements ont donné l’occasion d’interroger les électeurs suisses sur les relations entre la Suisse et l’Europe et de dresser ainsi un tableau de l’opinion après 25 ans d’accords bilatéraux, en évaluant les avantages et les inconvénients à partir de leur propre quotidien.
Europa
L’enquête a suscité un vif intérêt : 19 955 électeurs ont participé à l’enquête en ligne entre le 16 et le 30 septembre 2024, dont la promotion a été assurée par les canaux de la SSR. Les résultats indiquent également un grand intérêt pour les thèmes de l’Europe et de l’UE, mais des sentiments mitigés à l’égard de l’UE en particulier : 49% des votants ont des sentiments négatifs à l’égard de l’UE. Pour une minorité de 28%, les sentiments positifs dominent. Ces opinions négatives s’expliquent par la perte de souveraineté nationale, la bureaucratie de l’UE et un processus de décision jugé non démocratique. Les opinions positives mettent en avant l’UE comme projet de paix et de prospérité, les avantages économiques et l’intégration dans une communauté plus large.
Une majorité de Suisses considèrent les accords bilatéraux comme globalement positifs, en particulier dans les milieux gauche-verts, tandis que les électeurs proches de l’UDC et les personnes indépendantes des partis sont plus critiques. Les accords bilatéraux sont considérés comme importants sur le plan économique, notamment pour l’accès au marché européen et pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cependant, beaucoup jugent que ces accords sont moins importants pour eux.
Évaluation de l'importance des accords bilatéraux avec l'UE
Parmi les effets négatifs des accords bilatéraux, la majorité des personnes interrogées citent une immigration accrue, une charge supplémentaire pour les assurances sociales, une pression sur les salaires et une augmentation des prix des loyers et de l’immobilier. Les opinions largement partagées selon lesquelles l’UE est un moloch démocratique et ne peut pas gouverner suffisamment face aux grands défis de ce monde n’ont aucun effet sur l’évaluation des relations entre la Suisse et l’Union européenne.
En revanche, si les relations avec l’Union européenne sont totalement remises en question pour les différents Etats membres ou si des doutes existent quant à la pérennité de l’Union européenne ou à son intégrité démocratique, les relations de la Suisse avec l’Union européenne sont jugées trop étendues. A l’inverse, une vision utilitaire – économique ou sociale – réduit cette attitude.
En ce qui concerne l’avenir des relations entre la Suisse et l’UE, 71% des votants sont en principe favorables aux négociations en cours sur le développement des accords bilatéraux, même si l’urgence est diversement appréciée. Dans l’ensemble, l’attitude de l’électorat suisse vis-à-vis de l’UE et des accords bilatéraux est marquée par l’ambivalence et de fortes divergences politiques.
Vous trouverez plus d’informations sur l’étude « L’Europe au quotidien » dans le rapport succinct (en allemand) de l’étude.