Votations sur la protection de l'environnement : le modèle de comportement de vote persiste

09.02.2025 | Tobias Keller, GFS Bern

Selon nos estimations, les électeurs suisses rejetteront l’initiative pour une responsabilité environnementale le 9 février 2025 avec environ 70 % de votes négatifs. Alors que les initiatives sur les questions environnementales au sens large se heurtent souvent à une résistance, il apparaît que le thème de la protection de l’environnement suscite néanmoins suffisamment d’intérêt pour créer des majorités.

Ces dernières années, les initiatives sur les questions environnementales ont eu peu de succès : l’initiative sur la biodiversité de septembre 2024 a été rejetée par 63 % des voix. De même, les initiatives sur l’eau potable et les pesticides n’ont pas obtenu la majorité en juin 2021. Cela correspond au schéma habituel des initiatives. Comme l’analyse des tendances de SRG l’avait déjà montré, le soutien à l’initiative pour une responsabilité environnementale a clairement diminué avec le temps. Selon les estimations, le pourcentage de «oui» n’est plus que d’environ 30 %.

L'argument percutant de la «protection de l'environnement»

Malgré le rejet de l’initiative pour une responsabilité environnementale, le thème de la «protection de l’environnement» a pu rallier une majorité : L’extension du réseau autoroutier a été rejetée en novembre 2024 par environ 53 % des voix. Selon l’analyse VOX sur l’extension du réseau autoroutier, la principale raison du rejet était le désir de protéger l’environnement et de considérer l’extension comme contre-productive. Cela montre que le thème de la «protection de l’environnement» est bien présent dans l’esprit des électeurs et qu’il peut créer des majorités.

La peur de changements de comportement radicaux

Les analyses VOX ont toutefois montré à plusieurs reprises que les électeurs suisses sont sceptiques face aux projets qui exigent des changements profonds dans l’économie et la société, en particulier lorsque les conséquences sont perçues comme radicales ou lorsque la liberté économique est affectée. L’initiative pour une économie durable exigeait une transformation complète de l’économie en l’espace de dix ans afin de respecter les limites planétaires. Cette exigence a été perçue par beaucoup comme trop radicale et potentiellement préjudiciable à la place économique suisse.

Les mesures volontaires sont plus susceptibles de rallier une majorité

L’adoption de la loi sur le climat et l’innovation en juin 2023, avec 59 % de votes positifs, offre un contraste intéressant. Cette loi mise sur des incitations financières et des programmes de soutien pour atteindre l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050, plutôt que sur des interdictions restrictives. Cela indique que les électeurs suisses sont plus enclins à soutenir des projets de politique environnementale qui misent sur des incitations et des mesures volontaires, plutôt que sur des changements de comportement obligatoires.

Le modèle de comportement électoral reste le même

Le schéma reste donc le même : une initiative visant à modifier les comportements pour protéger l’environnement ne recueille pas la majorité. En revanche, un projet de loi est soutenu s’il propose des solutions techniques ou des incitations financières pour atteindre des objectifs écologiques ou s’il vise à mettre un terme au développement d’infrastructures nuisibles à l’environnement.


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Tobias Keller

Tobias Keller

Chef de projet et chef d'équipe analyse de données